Où est le problème?
L’insulte la plus populaire des cours d’école reste «pédé», suivie de près par «enculé». Des insultes qui sont encore aujourd’hui trop largement présentes sur les plateaux télé ou dans les «blagues» d’interview. Aujourd’hui encore, la représentation des homosexuels masculins reste problématique et la «folle» continue d’être l’objet d’un traitement moqueur. Il appartient aux médias de garder une certaine neutralité quand ils donnent des informations sur cette population en réalité protéiforme.
Attention, pente glissante!
«La cage aux folles»
La folle est une des représentations classiques des homosexuels masculins mais s’assumer en tant que folle n’est qu’une des façons de vivre son homosexualité. Personnage tragi-comique dans les médias, elle n’est la plupart du temps utilisée que comme faire-valoir, pour démontrer que l’homosexuel n’est pas «un homme, un vrai». En effet, on reproche aux gays de perdre leur virilité en se faisant pénétrer, l’insulte utilisée est toujours «enculé» et non «enculeur», comme si la position dite «passive», assimilée à celle de la femme, était inférieure. Dans l’imaginaire collectif hétéronormé, le gay n’est pas un homme puisqu’il se fait pénétrer ou enculer. Et comme il n’est pas un homme, c’est une femme et il vaut moins. C’est du sexisme, encore une fois.
Difficile de dérouler tout ce raisonnement dans chaque article, mais c’est utile de le garder en tête, comme il faut se rappeler qu’il est important de donner à voir des représentations variées de l’homosexualité masculine dans sa complexité.
«C’est pas un truc de pédé»
Cette expression fonctionne selon le même mécanisme sexiste que nous venons de décrire. L’utilisation de cette expression n’est ni anodine, ni cool. C’est une insulte, qui assimile les homosexuels à des êtres faibles (donc féminins).
«Il aime les jeunes garçons»
L’homosexualité n’est pas la pédophilie. C’est triste de devoir le préciser en 2014. Un flou nauséabond est encore entretenu de nos jours, soit par ignorance, soit par gayphobie, souvent pour fragiliser les revendications des associations LGBT. Il faut bien faire attention à ne pas mélanger les deux dans le traitement des sujets.
«Les gays, ils savent faire la fête»
Encore une fois, la représentation des homosexuels masculins a souvent été limitée au monde de la fête, de l’art. D’espaces de libertés que les homosexuels s’étaient créés, on a fait la démonstration qu’ils étaient fait pour vivre une vie dissolue, différente. Entretenir cette contre-vérité, c’est renforcer une injonction à rester en marge, et discréditer toutes les personnes qui vivent leur vie de manière plus traditionnelle.
«Ils ne pensent qu’à ça»
Si la communauté homosexuelle s’est aussi construite autour de pratiques sexuelles, elle n’est pas réductible à celles-ci. La liberté sexuelle s’exprime également chez les hétérosexuel-le-s et sous-entendre que la surconsommation sexuelle est l’apanage des homosexuels participe de la déshumanisation de cette population, qui se comporterait «comme des animaux».
«Ils ont bon goût»
C’est vrai. Et ils sont toujours bien habillés.
Pour aller plus loin…
Pourquoi tant de -phobies?
L’homophobie est l’hostilité envers les personnes homosexuelles, manifestée de manière implicite ou explicite. Les gays, les lesbiennes, les bisexuel-le-s et les trans ne sont pas victimes des mêmes préjugés et violences. La lesbophobie, la gayphobie, la biphobie et la transphobie sont parfois regroupées sous l’acronyme LGBTphobies. La transphobie concerne l’identité de genre des personnes trans et n’a rien à voir avec leur orientation sexuelle. Pensons à utilisez l’ensemble de ces termes, ils traduiront mieux les situations que vit chaque groupe de personnes.