Nous avons appris avec tristesse et inquiétude aujourd’hui la mort de Xulhaz Mannan, 35 ans, éditeur de Roopbaan, le seul magazine LGBT du Bangladesh, assassiné avec son ami Tanay Mojumdar.
Xulhaz et son ami étaient chez lui lorsque des individus sont entrés et les ont tués sur le coup. La mère de Xulhaz ainsi qu’un employé étaient présents.
Arnaud Gastaut, photojournaliste qui avait réalisé avec Julie Lallouët-Geffroy un reportage sur la condition des LGBT au Bangladesh, l’avait rencontré en 2014. Il se souvient: «Il créait à l’époque le 1er magazine gay Bangla, je vivais alors au Bangladesh et, militant, j’ai voulu prendre part au projet. C’était quelqu’un de très sage, très accueillant, sa maison était ouverte à tous, il assumait pleinement sa vie et voulait justement au travers de Roopbaan casser les clichés tout en respectant la culture “difficile” qui était la sienne.»
«Il m’avait dit qu’il était conscient, dans son combat, d’encourrir des risques, mais qu’il en assumait les conséquences et que si cela devait arriver, il serait fier de mourir ainsi», poursuit Arnaud Gastaut.
Dès le deuxième numéro de Roopbaan, l’équipe du magazine se savait menacée. Un article dans la presse donnait l’alerte, les rédacteurs de Roopbaan, assénait-il, auraient fait partie d’un complot international visant les mœurs islamiques, et le gouvernement les recherche pour les arrêter. Xulhaz, lui, a eu la chance d’avoir une famille tolérante, ce qui est impensable pour la plupart des LGBT bangladais. «Je n’ai qu’une vie et je refuse de la scinder en deux au nom des bonnes mœurs. Je suis tel que je suis et c’est tout», affirmait-il*.
Dans ce contexte très inquiétant pour la communauté LGBT et l’ensemble du Bangladesh, l’Association des journalistes LGBT (AJL) exprime ses pensées, sa solidarité et son soutien pour les LGBT et les journalistes du Bangladesh, et les proches des victimes.
* Dans TÊTU, janvier 2015.
Sources : Dhaka Tribune, The Independent, The Guardian