Ce samedi 17 octobre a lieu à Paris la 19e édition de l’Existrans, la marche des personnes trans et intersexes et de leurs allié.e.s. Le départ est prévu à 14 heures, place Stalingrad (19e).
Cette année encore, l’Association des journalistes Lesbiennes, Gay, Bi, Trans (AJL) invite les rédactions à couvrir cet événement dont les enjeux sont plus que jamais d’actualité:
– Une nouvelle proposition de loi. Promesse –encore non tenue– de campagne de François Hollande, la loi facilitant le changement d’état-civil reste un serpent de mer de ce quinquennat. Après la proposition (PPL) Delaunay de 2013, le texte a été rangé dans les tiroirs. Mais des parlementaires PS viennent de déposer, fin septembre, une nouvelle proposition. Et son contenu, quasi-inchangé par rapport à la précédente mouture, est déjà décrié par des associations trans. Couvrir cette Existrans, c’est pouvoir informer et décrypter les problématiques de cette proposition de loi à minima, qui revient à l’agenda politique.
– Une urgence sociale. Actuellement conditionné à une stérilisation et à un parcours médical dégradant, le changement d’état-civil pour les personnes trans demeure chaotique et exténuant. En l’absence de texte législatif, l’obtention de papier correspondant à son identité de genre dépend du bon vouloir des juges et des juridictions. Cela maintient, encore en 2015, les personnes dans une précarité administrative très forte.
– La France est en retard. Par exemple, l’Argentine et le Danemark, mais aussi Malte, la Colombie, l’irlande et tout récemment la province du Québec se sont déjà dotés de lois ambitieuses pour le respect des personnes trans. La rectification de l’état-civil d’une personne trans sans condition médicale est par ailleurs une recommandation de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe datant de 2010, reprise en 2013 par la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’homme). Et surtout, il n’existe aucun obstacle juridique à une telle réforme.
– Ça change des reportages sensationnalistes. En France, les personnes trans affrontent de nombreuses difficultés quotidiennes: précarité, agressions, forte vulnérabilité à l’épidémie de VIH, psychiatrisation, parcours du combattant pour entamer une transition dans les hôpitaux publics… Comme avec Caitlyn Jenner, dont la transition très médiatisée aux États-Unis a permis d’éclairer sur un sujet encore lourd de représentations, l’Existrans peut être l’occasion de parler d’une communauté invisibilisée et sujette aux discriminations. Et de donner la parole à celles et ceux qui affrontent les réalités des transidentités en France.
– C’est un sujet qui interroge le droit français. L’ «identité de genre», notion de droit international qui décrit « l’expérience intime et personnelle de son genre profondément vécue par chacun, qu’elle corresponde ou non au sexe assigné à la naissance » reste inconnue dans le droit français, qui s’en tient à la notion d’« identité sexuelle ».
Pour vous aider à employer les mots justes et à traiter au mieux ces thématiques, l’AJL a consacré un chapitre de son kit de conseils pratiques «Informer sans discriminer» au respect des personnes trans. N’hésitez pas à le consulter!
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Laurent Bonnat, 25 ans, est journaliste à La Provence à Marseille. A la veille de l’Existrans 2015, la 19e marche des personnes trans’ et intersexes, cet ancien de l’Ecole de journalisme et communication de Marseille (EJCM), passé par Rue 89 et La Marseillaise a accepté de partager auprès de l’AJL son opinion sur le traitement médiatique de la transidentité en France ainsi que son vécu de garçon trans’ au sein d’une rédaction locale. «Je n’ai plus envie que les journalistes utilisent un vocabulaire qui ne corresponde pas à la personne qu’ils ont en face», témoigne notre jeune confrère. Interview.