Affirmer l’existence des personnes bi et pan

Où est le problème?

Si le traitement médiatique de l’homosexualité laisse encore à désirer, celui de la bisexualité et de la pansexualité est quasi-inexistant. L’idée reçue selon laquelle il n’y aurait que deux orientations sexuelles est tenace. La possibilité d’être attiré·e sexuellement et/ou affectivement par plus d’un genre semble toujours suspecte et caractéristique d’une frénésie sexuelle ou d’une immaturité. Pourtant, être bisexuel·le ou pansexuel·le, c’est une question de désir et d’identité, pas de mode de vie.

Choisir les bons mots

«C’est tendance»
Être bi·e ou pan n’est pas une tendance, ni un effet de mode, malgré ce que laissent entendre certaines publications. Ce sont des orientations sexuelles, romantiques et affectives, comme l’homosexualité ou l’hétérosexualité. A ce titre, essayons de ne pas les réduire à un marronnier journalistique visant à faire frissonner le lectorat.

«Ce sont des homos refoulé·e·s»
Quand le chanteur Mika a annoncé qu’il était gay, certains médias ont affirmé qu’il faisait son «vrai coming-out». C’est oublier qu’il s’est longtemps défini comme bisexuel. On est le plus souvent bisexuel·le ou pansexuel·le toute sa vie, même si l’orientation sexuelle n’est pas toujours immuable. Ce n’est pas une première étape vers l’homosexualité. Si quelqu’un·e déclare qu’iel est bisexuel·le ou pansexuel·le, décrivons-lae ainsi. Pourquoi décider pour iel ou lae soupçonner de manquer de franchise?

«Un signe d’instabilité»

La bisexualité et la pansexualité ne sont pas synonymes d’instabilité. Pas la peine de faire des rapprochements absurdes comme on a pu le lire dans un article décrivant le procès d’un étudiant des Hauts-de-Seine, jugé pour détention d’images pédopornographiques. La plaidoirie de son avocat était retranscrite dans un quotidien national sans aucune analyse: «Sa mère, qu’il voit rarement, est bisexuelle. Ça ne justifie pas sa conduite, mais chez un garçon plus fragile qu’un autre, toutes ces choses peuvent avoir des répercussions.»

«Ce sont des libertin·e·s»

Libéré des normes sociales, une personne bi ou pan évoluerait forcément dans les clubs échangistes, ne supporterait pas la monogamie, etc. Nous attendons encore les études qui nous prouveraient que les relations extra-conjugales sont plus fréquentes chez les bi et les pan que chez les hétéros. En attendant, évitons de les interroger uniquement dans le cadre d’émissions consacrées au libertinage ou sur leur sexualité forcément débridée.

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