Revue de presse : L’outing de Florian Philippot (la suite)

Depuis l’outing de Florian Philippot, vice-président du Front national par Closer, les réactions ont été nombreuses dans la presse. La précédente revue de presse de l’AJL consacrée à cette actualité s’arrêtait au dimanche 14 décembre environ. Depuis, d’autres articles et tribunes se sont succédé. Les deux personnes paparazzées par Closer ont également réagi.

Philippot se dit «victime d’une atteinte gravissime à [sa] vie privée»

Vendredi 12 décembre, Florian Philippot participait à l’émission «Ce soir ou jamais» sur France 3, mais le sujet de son outing n’a pas été évoqué. En revanche, lundi 15 décembre, invité de la matinale de France Inter, il a été interrogé par Léa Salamé sur le sujet. Il se dit «en colère» et  «victime d’une atteinte gravissime à [sa] vie privée.» Il déclare: «Je suis cohérent avec ce que j’avais dit pour François Hollande et Julie Gayet. J’ai toujours eu un principe très clair : la séparation stricte de la vie privée et de la vie politique, sinon il n’y a plus de limites». Et d’ajouter: «le FN n’est ni gay friendly, ni l’inverse. Il est french only». Aucun mot toutefois de sa part sur son orientation sexuelle. Le contenu de cette interview a été reprise par de nombreux médias, comme Le Figaro.

La réponse à Closer du «journaliste de télévision»

L’homme présenté comme son «ami» par le magazine people publie le 16 décembre dans Rue 89 une tribune. Intitulée «Lettre ouverte à Closer de l’homme qui accompagne Philippot sur les photos», elle est signée du pseudonyme «Tyto Alba». Ce «journaliste de télévision» a «insisté pour que son identité ne soit pas dévoilée, afin de minimiser les menaces et autres désagréments qu’il subit depuis la publication de Closer», précise Pascal Riché, rédacteur en chef du site. Tyto Alba regrette que son image «soit marquée de façon indélébile» au sein de sa profession: «En me présentant comme le petit ami du vice-président du Front national, il apparaissait évident que mes sensibilités politiques seraient associées avec celles de ce parti. Ce n’est pas le cas, et vous le saviez.» La tribune a été citée par de nombreux médias, comme le blog Big Browser du Monde ou le quotidien régional L’Alsace.

Vie publique, vie privée

Plusieurs tribunes et articles sont revenus sur les réactions outrées à la révélation de l’homosexualité de Philippot. Le directeur de la publication de Yagg, Christophe Martet, dénonce «une indignation à géométrie variable» : «On se fiche comme d’une guigne de savoir ce que chacun fait au lit, ses goûts sexuels, ses pratiques. Mais l’homosexualité, pas plus que l’hétérosexualité, ne relève de la vie privée. C’est l’absence de visibilité à tous les niveaux de la société qui alimente l’homophobie, pas l’inverse.»

Le magazine Slate s’interroge dans un longue analyse: «Les médias, la politique et l’homosexualité: où est le problème?» «Pour des personnes comme Florian Philippot –ou Steve Briois–, on ne parle pas de personnes privées. Il s’agit de personnes avec de hautes responsabilités et un discours politique. D’autant plus que Marine Le Pen est restée très longtemps floue sur sa position autour du mariage pour tous.»

Qu’est-ce qui a choqué les éditorialistes?

La veille, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, faisait part de son point vue sur son blog Coulisses de Bruxelles. Dans son billet «Florian Philippot, Closer et les chiens de garde», il commente les réactions outragées des politiques et journalistes. «Sans s’en rendre compte, ces éditorialistes montrent, en réalité, qu’ils ont quelques difficultés à admettre qu’hétérosexualité et homosexualité se valent, c’est-à-dire qu’il est aussi normal d’être homosexuel qu’hétérosexuel et qu’il n’y a rien à cacher. En l’occurrence, ce n’est pas le fait que Philippot ait été photographié lors d’un week-end privé qui choque nos médiateurs, mais que son homosexualité soit étalée au grand jour.»

A noter que ces deux dernier articles citent la position de l’AJL, tout comme Le Parisien dans un article du 13 décembre: «People et politique: vers la fin des interdits».

Enfin, Didier Lestrade, cofondateur d’Act Up, association qui avait voulu outé un homme politique ayant participé à une manifestation contre le Pacs est interrogé par Les Inrockuptibles sur le cas Philippot. Dans cette interview, il «trouve dommage que ce soit un magazine comme Closer qui ait sorti ces photos. Si ça avait été un magazine gay, comme Têtu par exemple, on n’aurait pas pu reprocher le côté people de ces révélations.»